Le roi est nu

Il ne s'agit pas à proprement parlé d'une expression, seulement d'une allusion littéraire au récit folklorique remis au goût du jour par le génial Hans Christian Andersen : les Habits neufs de l'Empereur (1837).
Car il s'agit bien des habits d'un empereur alors que l'expression qui nous en est restée dit bien... le roi nu ! Le conte n'est en fait qu'une satire sociale dénonçant la flatterie aveugles des courtisans, et une société dans laquelle chacun a conscience de ne pas vraiment mériter sa charge, ne subsistant que dans le mensonge collectif... 
Ainsi, un grand pouvait se déshabiller ou satisfaire ses besoins naturels face à un inférieur; l'inverse eût constitué une grave offense...
Il sera donc essentiel de ne plus se montré déshabillé à un inférieur.
On parle de roi nu lorsqu'un puissant (par l'argent, la politique ou les médias) se voit dépossédé des attributs de son pouvoir et voit s'écrouler la maison dont il a perdu la façade...
Le roi est nu fait aujourd'hui allusion à une réalité sociale et historique plus que littéraire : jusqu'à la Révolution, le monarque, portant sa légitimité en lui et non sur ses habits, comme les autres bourgeois ou parvenus détenteurs de pourpoints à brevet pouvait sans déchoir se laisser voir dans l'intimité de ses levers ou de sa chaise percée...
Le XIXe siècle vit s'inverser cette pudeur verticale : le roi est nu est toujours le roi, le bourgeois en ôtant ses vêtements qui le distinguent du croquant, perd du même coup sa légitimité et son pouvoir.
L'empereur d'Andersen n'est plus qu'un fantoche ridicule humilié par deux ouvriers rusés...




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